Le JDP en Pologne [mini reportage]
Dim 10 Mar 2013 - 17:51
Je vous propose un mini reportage sur le monde du jeu de plateau en Pologne. Pourquoi ce pays ? Disons que ceci est lié à mes origines et que je profite d’un séjour hivernal pour observer au moins superficiellement le monde du jeu de plateau dans un pays déjà reconnu pour ses illustrateurs de jeux (le suffixe –ski dans le nom de famille est assez souvent évocateur) et petit à petit pour ces auteurs.
Comme ça de but en blanc si on vous demande si vous connaissez un jeu qui vient de ce pays, assurément vous direz : « aucune idée ! ». Remarquez, c’est Tifouch qui m’a parlé de l’existence d’un monde ludique ici. Si vous connaissez Neuroshima Hex créée en 2006, alors vous connaissez un jeu made in Polska. A ce jour, c’est le plus gros succès d’un jeu polonais sur la scène internationale. Plus récemment sont sortis Robinson Crusoe : Adventure on the Cursed Island, un coopératif accueilli très positivement dans le monde, ou encore Convoi, Alcatraz the Scapegoat, K2, Magnum Sal, l’adaptation sur Ipad de Caylus, pareils tous made in Poland. Forcément si on compare à la production française des jeux de plateau ça peut paraitre ridicule, mais à son échelle je trouve ca plutôt bien que le JDP se développe de ce côté-ci de l’Union Européenne.
Cela fait moins d’une décennie que le JDP est ici de plus en plus populaire, le chiffre d’affaire des magasins augmente d’année en année et leur nombre également en ligne ou pas d’ailleurs. L’achalandage y est plus ou moins similaire (du party-game, du JDP, du jeu de cartes, de la figurine etc.) à ce que l’on trouve chez nous et les prix le plus souvent très proche. On trouve approximativement les mêmes nouveautés, les mêmes classiques aussi. Pour repositionner le JDP dans un contexte économique tout en simplifiant grandement, disons qu’il n’est pas à la porté de tous les polonais. Certains jeux de production locale sont parfois moins chers, mais ça n’est absolument pas la règle. Je supposais bien qu’il n’y avait pas un écart énorme entre les jeux disponibles là-bas et chez nous, mais j’ai toutefois été bluffé.
Compte tenu de la petitesse du monde du JDP en Pologne, ses acteurs ont souvent plusieurs casquettes. Prenez monsieur Ignacy Trzewiczek (on ne peut même pas l’écrire au scrabble son nom, mais sinon quel carton !) ; il est l’auteur de Ronbinson Crusoe, Convoi, 51eme Etat, Stronghold et plein d’autres au succès plus limité. C’est l’auteur en vogue du moment en Pologne. Tous ses jeux sortent chez l’éditeur Portal, éditeur dont il est le patron, ceci expliquant cela. Chez ce même éditeur, sort à ma connaissance le seul magazine papier en polonais de JDP : Swiat Gier Planszowych – le monde des jeux de plateau, un bimestriel. Le dernier numéro que j’ai entre les mains est sorti à 2000 exemplaires, c’est du papier glacé épais et il revient assez cher pour les moyens d’ici. Ca pourrait poser problème qu’un éditeur soit également auteur et patron de presse, mais le magazine en question n’est pas de l’autopromotion non plus, il aborde des jeux de la concurrence nationale et internationale. La mise en page est relativement répétitive, on passe en revue un jeu sur environ 2 pages, avec une longue introduction abordant le background, une explication de la ou des mécaniques de jeu et enfin une note rattachée a l’auteur de l’article, une quasi parité homme-femme d’ailleurs parmi les consultants. En fin de numéro un récapitulatif des jeux testés avec les notes des différents testeurs du même jeu. Il y a bien des interviews avec des auteurs, des reportages, mais finalement on a un peu l’impression de lire un guide d’achat restreint. Les types de jeux abordés sont variés : du party-game Time’s up, Set, via le jeu pour enfants, puis familial jusqu’aux gros jeux ameritash ou eurogame au choix (CO2, Tzolk’In, Seasons, Tournay, X-Wing… ) et même du wargame tout ça mélangé.
Dans la même idée, des magasins on-line de JDP se jettent eux-aussi dans l’édition, c’est le cas de Rebel.pl . Ce dernier est l’incontournable magasin en ligne qui est également l’éditeur polonais de Tzolk’In et de bien d’autres.
Un dernier point abordé avec le vendeur de la boutique en dur, a été la traduction des jeux en polonais. Je supposais que c’était les éditeurs qui allait chercher les best-sellers du marché allemand qui reste la référence ici, mais apparemment non, il paraitrait que ce sont les auteurs eux-mêmes qui démarchent les éditeurs. Pour information, il y a ici 3-4 éditeurs importants de jeux : Portal, Galakta, Rebel. Ceci dit je pense que des blockbusters tels Caylus, Eclipse, 7 Wonders, les mégas grosses meilleures ventes arrivent rapidement sur le marché suite à des démarches des éditeurs ou distributeurs. Dans le cas contraire, les éditeurs observent les achats de jeux en VO et passé un certain stade se disent on y va on fait la VP (version polonaise).
Pour conclure, je signale donc qu’il n’y a pas tant que ça de différences entre le petit monde du JDP en France et en Pologne. Comme tout hobby cependant le nombre de pratiquants est plus réduit en Pologne pour des raisons de niveau de vie et du nombre d’habitants. Mais des geeks du jeu il en existe en quantité non négligeable et certains se lancent ou vont se lancer dans la création en suivant l’exemple d’infographistes qui illustrent déjà des jeux un peu partout dans le monde grâce à internet. La barrière de la langue qui rebute à l’achat d’un jeu ne bloque que la plus vieille génération (la mienne et plus âgée) mais les plus jeunes, s’ils sont passionnés commandent les jeux en VO, ou au moins en anglais.
Il ressort également souvent par nécessité que certains acteurs du JDP sont au four et au moulin, l’aspect couteau suisse de la chose assez rare je crois en France.
J’espère que ce petit article vous aura intéressé, moi ça m’a beaucoup diverti de regarder ce qui se fait à l’Est du mur (historiquement de Berlin).
Ludikement, dowidzenia,
NicoGlazik
Comme ça de but en blanc si on vous demande si vous connaissez un jeu qui vient de ce pays, assurément vous direz : « aucune idée ! ». Remarquez, c’est Tifouch qui m’a parlé de l’existence d’un monde ludique ici. Si vous connaissez Neuroshima Hex créée en 2006, alors vous connaissez un jeu made in Polska. A ce jour, c’est le plus gros succès d’un jeu polonais sur la scène internationale. Plus récemment sont sortis Robinson Crusoe : Adventure on the Cursed Island, un coopératif accueilli très positivement dans le monde, ou encore Convoi, Alcatraz the Scapegoat, K2, Magnum Sal, l’adaptation sur Ipad de Caylus, pareils tous made in Poland. Forcément si on compare à la production française des jeux de plateau ça peut paraitre ridicule, mais à son échelle je trouve ca plutôt bien que le JDP se développe de ce côté-ci de l’Union Européenne.
Cela fait moins d’une décennie que le JDP est ici de plus en plus populaire, le chiffre d’affaire des magasins augmente d’année en année et leur nombre également en ligne ou pas d’ailleurs. L’achalandage y est plus ou moins similaire (du party-game, du JDP, du jeu de cartes, de la figurine etc.) à ce que l’on trouve chez nous et les prix le plus souvent très proche. On trouve approximativement les mêmes nouveautés, les mêmes classiques aussi. Pour repositionner le JDP dans un contexte économique tout en simplifiant grandement, disons qu’il n’est pas à la porté de tous les polonais. Certains jeux de production locale sont parfois moins chers, mais ça n’est absolument pas la règle. Je supposais bien qu’il n’y avait pas un écart énorme entre les jeux disponibles là-bas et chez nous, mais j’ai toutefois été bluffé.
Compte tenu de la petitesse du monde du JDP en Pologne, ses acteurs ont souvent plusieurs casquettes. Prenez monsieur Ignacy Trzewiczek (on ne peut même pas l’écrire au scrabble son nom, mais sinon quel carton !) ; il est l’auteur de Ronbinson Crusoe, Convoi, 51eme Etat, Stronghold et plein d’autres au succès plus limité. C’est l’auteur en vogue du moment en Pologne. Tous ses jeux sortent chez l’éditeur Portal, éditeur dont il est le patron, ceci expliquant cela. Chez ce même éditeur, sort à ma connaissance le seul magazine papier en polonais de JDP : Swiat Gier Planszowych – le monde des jeux de plateau, un bimestriel. Le dernier numéro que j’ai entre les mains est sorti à 2000 exemplaires, c’est du papier glacé épais et il revient assez cher pour les moyens d’ici. Ca pourrait poser problème qu’un éditeur soit également auteur et patron de presse, mais le magazine en question n’est pas de l’autopromotion non plus, il aborde des jeux de la concurrence nationale et internationale. La mise en page est relativement répétitive, on passe en revue un jeu sur environ 2 pages, avec une longue introduction abordant le background, une explication de la ou des mécaniques de jeu et enfin une note rattachée a l’auteur de l’article, une quasi parité homme-femme d’ailleurs parmi les consultants. En fin de numéro un récapitulatif des jeux testés avec les notes des différents testeurs du même jeu. Il y a bien des interviews avec des auteurs, des reportages, mais finalement on a un peu l’impression de lire un guide d’achat restreint. Les types de jeux abordés sont variés : du party-game Time’s up, Set, via le jeu pour enfants, puis familial jusqu’aux gros jeux ameritash ou eurogame au choix (CO2, Tzolk’In, Seasons, Tournay, X-Wing… ) et même du wargame tout ça mélangé.
Dans la même idée, des magasins on-line de JDP se jettent eux-aussi dans l’édition, c’est le cas de Rebel.pl . Ce dernier est l’incontournable magasin en ligne qui est également l’éditeur polonais de Tzolk’In et de bien d’autres.
Un dernier point abordé avec le vendeur de la boutique en dur, a été la traduction des jeux en polonais. Je supposais que c’était les éditeurs qui allait chercher les best-sellers du marché allemand qui reste la référence ici, mais apparemment non, il paraitrait que ce sont les auteurs eux-mêmes qui démarchent les éditeurs. Pour information, il y a ici 3-4 éditeurs importants de jeux : Portal, Galakta, Rebel. Ceci dit je pense que des blockbusters tels Caylus, Eclipse, 7 Wonders, les mégas grosses meilleures ventes arrivent rapidement sur le marché suite à des démarches des éditeurs ou distributeurs. Dans le cas contraire, les éditeurs observent les achats de jeux en VO et passé un certain stade se disent on y va on fait la VP (version polonaise).
Pour conclure, je signale donc qu’il n’y a pas tant que ça de différences entre le petit monde du JDP en France et en Pologne. Comme tout hobby cependant le nombre de pratiquants est plus réduit en Pologne pour des raisons de niveau de vie et du nombre d’habitants. Mais des geeks du jeu il en existe en quantité non négligeable et certains se lancent ou vont se lancer dans la création en suivant l’exemple d’infographistes qui illustrent déjà des jeux un peu partout dans le monde grâce à internet. La barrière de la langue qui rebute à l’achat d’un jeu ne bloque que la plus vieille génération (la mienne et plus âgée) mais les plus jeunes, s’ils sont passionnés commandent les jeux en VO, ou au moins en anglais.
Il ressort également souvent par nécessité que certains acteurs du JDP sont au four et au moulin, l’aspect couteau suisse de la chose assez rare je crois en France.
J’espère que ce petit article vous aura intéressé, moi ça m’a beaucoup diverti de regarder ce qui se fait à l’Est du mur (historiquement de Berlin).
Ludikement, dowidzenia,
NicoGlazik
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